Diriez-vous que vous avez intégré une politique de durabilité au sein de vos marchés ?
Depuis toujours, je suis sensible à la cause environnementale. Alors que je travaillais au service des achats de la SWDE, mes collègues et moi-même avons testé différents types de clauses en faveur de l'environnement. Citons, par exemple, notre clause par laquelle nous favorisons un maximum les fournitures avec le plus de matières recyclées possible dans le cadre d'un marché de trappes de visite. Au départ, nous avions reçu des commentaires quant à l'impossibilité de vérifier de tels critères. Et pourtant, par la suite, les soumissionnaires nous ont proposé jusqu'à 100 % de matières recyclées ! Je suis heureux de constater une évolution des mentalités et une véritable adaptation de la part des fournisseurs. Les choses évoluent, petit à petit certes, mais dans le bon sens.
Par ailleurs, nous avons signé le Green Deal Achats circulaires et nous avons testé l'échelle de performance CO2 avec un résultat des plus positifs, car sur huit offres dans le cadre d'un marché pour des pièces de fontainerie, quatre soumissionnaires adhéraient à cette échelle, de surcroît au niveau 3. Si les quatre autres n'y adhéraient pas, nous avons toutefois noté leur engagement à travers une politique environnementale très dynamique. On peut se réjouir de voir le marché évoluer de la sorte.
Quels sont les soutiens nécessaires pour mener à bien votre action ?
J'ai eu la chance de participer à plusieurs formations liées aux achats publics responsables et à l'économie circulaire organisées par le Service Public de Wallonie. Ces évènements constituent une bonne base pour agir et avancer. Par ailleurs, je me suis tourné vers le Helpdesk à deux reprises : dans le cadre d'un marché d'entretien des terrains pour les clauses sociales et dans le cadre d'un autre marché pour les clauses environnementales. Cet outil permet d'obtenir de très bons conseils qui nous ont permis d'avancer avec efficacité. Je trouve toutefois qu'il est sous-utilisé et qu'il devrait être davantage mis en avant, car il n'est pas intégré au processus à sa juste valeur.
En interne, la création d'une cellule environnement au sein de la SWDE est positive, puisqu'elle démontre la volonté de la Direction d'établir une stratégie environnementale et de se fixer des objectifs compatibles avec les enjeux environnementaux.
À quelles difficultés vous êtes-vous heurté ?
En interne, la difficulté est de faire comprendre aux autres que l'ajout de critères environnementaux ne doit pas être perçu comme une charge supplémentaire. Il faut mettre l'accent sur le côté indispensable et le sens de ces actions. Mais l'on touche à la culture du changement et ce processus prend du temps.
Côté externe, le combat est le même et s'ajoute à celui-ci la difficulté liée à l'ouverture du marché, autrement dit, il faut trouver de bons moyens pour ne pas fermer les possibilités et continuer à recevoir des offres. Il y a quelques années, ce n'était pas évident, mais l'on constate un avant et un après COVID, comme un éveil des consciences en ce qui concerne l'urgence de favoriser l'environnement. Il ne reste plus qu'à passer à l'action !
Pourriez-vous nous citer un marché dont vous êtes particulièrement fier ?
Évidemment, il y en a plusieurs, mais j'aimerais mettre en avant le marché sur l'entretien des terrains pour lequel nous avons reçu le prix du marché le plus responsable. Nous avons rédigé une clause sociale bien ficelée avec une certaine technicité. Il faut noter que nous comptons pas moins de 2 000 hectares de terrain, donc c'est un gros marché ! L'aspect biodiversité a été mis en avant, avec notamment le fauchage tardif. Notons également l'utilisation de machines thermiques à huile biologique et surtout le recours à des machines électriques. En effet, dans le domaine de l'eau, la pollution par les hydrocarbures, même infime, peut nuire à une nappe pendant de longues périodes. Les hydrocarbures doivent impérativement être maîtrisés, car ils constituent un risque majeur.
Des conseils pour d'autres acheteurs publics ?
Tout à fait, plusieurs conseils me viennent à l'esprit :
- OSEZ ! À partir du moment où vous avez conscience d'un problème, lancez-vous. Utilisez les critères d'attribution pour inciter les fournisseurs à aller plus loin, sans pour autant vous priver d'offres. En effet, avec ces critères, il reste une marge de négociation qui permet d'évoluer.
- Utilisez les outils à votre disposition, tels que le Helpdesk. Participez aux évènements de mise en réseau pour rencontrer des personnes qui partagent votre vision.
- Indiquez clairement dans votre cahier des charges de base l'importance de l'environnement pour vous. En cas de recours, cette précaution peut vous être favorable.
- Partez à la rencontre des fournisseurs pour voir ce qu'il est possible de faire sur un marché donné. En effet, il faut laisser le temps au marché de s'adapter et de se préparer.
Quels sont vos projets pour l'avenir ?
Nous allons continuer à favoriser l'environnement à travers le levier majeur des achats. En tant que responsable de l'environnement au sein de la SWDE, j'aimerais généraliser le recours à l'échelle de performance CO2 et aller plus loin pour chaque marché.
La SWDE repose sur un programme environnemental fort qui s'articule autour de trois piliers : la sensibilisation, l'action (réduction de l'empreinte carbone, contrat de gestion avec la Région wallonne en faveur de la biodiversité et de la diminution des émissions) et enfin l'anticipation (ou résilience).