Pourriez-vous nous présenter votre projet ?
Depuis 2017, le RATaV œuvre à la Transition du territoire de l'arrondissement de Verviers, dans un objectif de résilience et de régénération des écosystèmes qui le composent.
La question alimentaire dans toutes ses formes et à toutes ses étapes de production/consommation est la porte d'entrée privilégiée dans ce changement systémique nécessaire à la Transition.
Plus concrètement, il vise à inciter, à encadrer et à accompagner la relocalisation d’un système alimentaire sur le territoire des 20 communes francophones de l’arrondissement de Verviers en concentrant ses actions autour de 5 axes de travail :
- Faire en sorte que l'alimentation soit la plus durable possible
- Atteindre l'auto-production
- Développer un modèle de bonne gouvernance
- Monitorer les actions et le territoire
- Contribuer à la préservation des ressources du territoire
Comment vous définiriez-vous ?
Si le RATaV a pour ambition d’initier la Transition au sens large de son territoire, son action s’apparente globalement à celle d’une ceinture alimentaire même si le mot Réseau lui a été préféré. Ce choix a été motivé par la volonté de mettre en avant son rôle d’animateur de l’écosystème alimentaire existant, de l’aspect dynamique et vivant de sa raison d’être, de l’importance des relations ouvertes entre les acteurs du territoire, mais aussi les territoires voisins...
Ce choix initial a par la suite été confirmé lors de divers ateliers qui ont servi à définir sa raison d’être ( « Construire un territoire vivant ! »), ses valeurs, ses missions, etc.
Quelle est la taille du territoire de votre action ?
Le territoire d’action privilégié du RATaV est celui des 20 communes francophones de l’arrondissement de Verviers (220 000 habitants et 1162 km²). Certains des outils mis en place par le RATaV tels que Terre d’Herbage (coopérative logistique BtoB) et Terre Emploi (groupement d’employeurs) « sortent » toutefois du territoire en rayonnant notamment sur l’arrondissement de Liège en totale transparence avec la CATL.
Visez-vous l'autosuffisance du territoire ? Cette autosuffisance serait-elle envisageable ?
Le RATaV vise un maximum d’autoproduction, mais n’ambitionne pas pour autant l’autosuffisance du territoire.
Viser l’autosuffisance est vraisemblablement inenvisageable et ne nous semble pas pertinent, car notre territoire est avant tout herbagé (plus de 90 % de la surface agricole) et donc essentiellement dédié à l’élevage. Il s’agit de prendre en compte cette spécificité pour assurer la transition des exploitations tout en tenant compte du potentiel de notre territoire (sols, climat, etc.). Il nous semble dès lors et à titre d’exemple plus réaliste et rationnel de favoriser la transition des exploitations laitières (qui produisent plus de 700 % de la consommation des « verviétois » en produits laitiers) en développant la filière céréale plutôt que le maraîchage même si la production actuelle de légumes ne couvre que 4 % de nos besoins. Cela ne signifie évidemment pas que le maraîchage ne doit pas augmenter chez nous, mais que l’objectif n’est assurément pas d’atteindre les 100 % d’autoproduction.
Entretenez-vous des échanges avec d'autres acteurs alimentaires ?
Nous entretenons des contacts réguliers avec les autres ceintures ou acteurs, que ce soit via le collectif 5C (le RATaV siégeant au Conseil d’administration), dans la mise en place du collectif des ceintures CCREALIM, en tant que membre du Collectif de Développement des Cantines Durables (CDCD), à travers divers groupes de réflexions menés à l’échelle wallonne ou francophone (tel que le collectif Sécurité Sociale de l’Alimentation) ou de façon informelle selon les besoins (notamment avec la CATL ou le Gal Je suis hesbignon).
Pourriez-vous nous en dire plus sur vos projets ?
S'il est difficile de mettre en avant un projet plutôt qu'un autre, épinglons tout de même l'importance que nous accordons à la construction d'un récit inspirant et positif dans le but de donner envie aux citoyens de notre territoire de se mettre en mouvement et de s'engager activement dans la relocalisation de notre alimentation.
Nous avons ainsi réalisé plus d'une vingtaine de courtes vidéos accessibles sur la page YouTube du RATaV mettant en avant toute une série d'acteurs locaux de l'alimentation ou interpellant les citoyens dans leur soutien aux producteurs locaux via la campagne « Je suis produit local » ainsi que deux vidéos plus longues et emblématiques à retrouver dans la galerie média ci-dessous (une vidéo réalisée pour mettre en avant la vision partagée par cinq bourgmestres de l'arrondissement sur le devenir du système alimentaire local et une autre baptisée « Le nouveau récit des coopératives » qui met l'accent sur les valeurs de l'économie sociale et solidaire et sur le levier que représentent les coopératives dans la relocalisation de l'alimentation).
Par ailleurs, notre volonté d'amplifier cette mise en récit de notre territoire nous a amenés à apporter une dimension culturelle et multiculturelle importante lors de l'organisation de la 1re édition du festival Nourrir Verviers, une caractéristique qui a d'ailleurs été soulignée par deux de nos confrères très impliqués dans Nourrir Liège qui ont participé à plusieurs évènements tout au long de la semaine.