La thématique des achats publics responsables fut au cœur de cette journée exceptionnelle. En effet, la commande publique, par son poids économique (environ 10 % du PIB), représente un levier majeur de la transition de notre région vers un développement durable.
La Wallonie, éminemment consciente de l’importance du recours à des marchés publics durables, a adopté en juin dernier une Stratégie de la commande publique responsable dont deux des objectifs stratégiques sont de favoriser un meilleur accès des entreprises aux marchés publics et de renforcer la dynamique d’achats publics responsables dans notre région.
Dans ce cadre, cette rencontre avait vocation à donner des perspectives concrètes à la responsabilité dans la commande publique, d’encourager l’intégration de clauses responsables dans les marchés publics et d’améliorer l’interconnaissance entre acheteurs publics et entreprises d’économie sociale.
Au programme…
Après une présentation des objectifs et projets de la Stratégie de la commande publique responsable par Séverine Voisin, cheffe de programme de la Stratégie de la commande publique wallonne, les participants ont bénéficié des témoignages d’Entra, Oxfam Belgique et Retrival qui ont partagé leurs offres de services en tant qu’entreprise d’économie sociale et leurs expériences marchés publics.
Une voix dans le public s’exclame alors « oui on trouve ces projets intéressants, mais dès fois on se dit, il y a une réalité qui rentre pas dans la nôtre… c’est pas facile ! ». Finalement, c’est la compagnie de théâtre Tadam qui rentre en scène et présente des scénettes d’improvisation, lancées par le décompte du public « 3, 2, 1... Impro ! », pour déconstruire les clichés que les acteurs ont les uns sur les autres.
Par après, les participants ont eu l'occasion de se regrouper entre pairs. Les entreprises ont pu se familiariser avec les fondamentaux des marchés publics, notamment la prospection, la recherche d'opportunités et le décryptage d'un cahier des charges.
Pendant ce temps, les acheteurs publics ont assisté à une présentation sur l'offre d'économie sociale et les opportunités de rendre son marché responsable tout au long de sa construction. Des ressources pour favoriser les achats publics responsables ont également été présentés tels que l’annuaire SAW-B pour connaître les entreprises sociales d’insertion à même de répondre à leurs besoins et les outils du Portail des marchés publics tels que les guides thématiques contenant des clauses-types responsables et le Helpdesk Achats Publics Responsables.
Répartis en groupes mixtes d’acheteurs et de fournisseurs, les participants se sont ensuite engagés dans un exercice pratique visant à élaborer ensemble un marché public responsable.
Cet exercice a mis en évidence les besoins et attentes de chaque partie, soulignant ainsi des éléments clés à prendre en compte dans la construction d’un cahier des charges responsable tels que :
- La définition des besoins de manière adéquate et fonctionnelle.
- La prospection afin de confronter son besoin à la réalité du marché.
- Le fait d’envisager l’allotissement quel que soit le montant du marché.
- L'intégration de critères de développement durable lors de la rédaction du cahier des charges.
Après un speedmeeting au cours duquel les acheteurs publics ont eu l'occasion de détailler leurs besoins spécifiques et les entreprises d'économie sociale ont présenté en retour leurs offres de services, la journée s'est terminée par des discours inspirants. Ce speedmeeting, conçu pour favoriser les échanges, a permis aux participants de se connecter rapidement et efficacement, facilitant ainsi une meilleure compréhension mutuelle des attentes et des capacités de chacun.
La clôture de l'événement a été marquée par les discours de Jean-François Herz, co-directeur de SAW-B, et de Christie Morreale, Ministre wallonne de l'Emploi et de l'Économie sociale. Ils ont souligné l'importance des marchés publics comme levier de développement durable, en mettant en lumière leur capacité à dynamiser la croissance économique, renforcer les interactions entre les secteurs public et privé, et promouvoir une économie plus inclusive et durable.
Photos ©SPW – A.Coppens
Retrouvez un résumé graphique...
Témoignages recueillis auprès des participants...
Rémi d’Ecodipar: ”J’ai découvert que la Région wallonne avait un portail spécifique pour les marchés publics. C’était aussi une belle piqûre de rappel par rapport au fait d’être plus commercial, que pour être prospecté, il faut d’abord prospecter.”
Mireille, représentante de la commune d’Assesse: ”J’ai tout appris et je n’ai croisé que des gens positifs, qui croient dans ce qu’ils font. Je repars avec l’envie d’inclure des clauses dans nos marchés publics et le défi de faire évoluer les mentalités pour que tous, on ait envie de s’y mettre! »
Marie de Wallonie-Bruxelles Enseignement : « Ma collègue et moi, on connait très bien et on réalise de nombreux marchés publics. On est familières avec les clauses environnementales et circulaires mais on a découvert, aujourd’hui, les clauses sociales et éthiques. On fera très certainement appel à l’Economie sociale dans le futur. On repart avec des infos mais aussi les coordonnés de SAW-B et de tout un tas d’entreprises. »
Rochdi du SPF: « J’ai appris que, contrairement à ce que je pensais, il y a énormément d’acteurs dans une multitude de secteurs. J’ai également aimé les échanges avec mes pairs, pour confronter les points de vue, les bonnes pratiques, leur façon d’appréhender les choses. Dans l’exercice à réaliser entre adjudicateurs et adjudicataires, il est ressorti que plusieurs entreprises avaient une difficulté d’interpréter certains termes utilisés lorsqu’on définit le marché car ce sont des termes juridiques et économiques. Ils ne les comprennent pas et choisissent alors de ne pas répondre tout simplement… Il y a donc un travail à faire de part et d’autre pour dépasser cela. Et, aussi, on a soulevé que bien souvent les sanctions sont des freins possibles à la remise des offres. Nous, acheteurs publics, on les voit comme des garanties dans l’intérêt de la collectivité mais les entreprises les voient comme une menace et préfèrent ne pas rentrer un marché. J’espère qu’il y aura d’autres journées comme celles-ci pour qu’on se comprenne et qu’on aborde ensemble ce qui peut parfois bloquer. »
Paul de Coopeos: « On a déjà rentré des marchés, et un des freins que j’ai pu exprimer aujourd’hui est parfois la lenteur du processus de décision des acheteurs qui engendrent des problèmes de timing. J’ai passé une superbe journée, très intéressante pour les contacts. J’ai été fort intéressé d’avoir le point de vue des acheteurs et de comprendre les contraintes auxquels ils sont soumis, leurs guidelines. On se rend compte que les acheteurs sont prêts à changer et qu’ils ne sont pas ‘si figés’ que ça… c’est une belle motivation pour l’avenir. »