La nature est le bien le plus précieux pour la survie des espèces. Pourtant, les écosystèmes terrestres et les différents milieux naturels n’ont jamais été aussi fragilisés. On estime que l’activité humaine a altéré 75% de la surface de la Terre. 60 % des milieux naturels ont été dégradés au cours des cinquante dernières années et près de 70 % sont exploités au-delà de leur capacité.

La déforestation, la désertification, les pluies ou sécheresses extrêmes ont des impacts sur les écosystèmes et les populations qui en dépendent pour leur habitat, leur sécurité alimentaire ou encore leurs revenus.

La moitié des espèces vivantes pourrait disparaître d’ici un siècle, compte tenu du rythme actuel d’extinction 100 à 1 000 fois supérieur au taux naturel.

Il est donc urgent d’inverser la tendance et de parvenir rapidement à la neutralité en matière de dégradation des terres tout en garantissant la préservation, la restauration et l’exploitation durable des écosystèmes terrestres.

  • Selon un rapport de la FAO en 2020, ces 30 dernières années la superficie forestière mondiale a diminué de 178 millions d’hectares. Nous perdons toujours 4,7 millions d'hectares par an de forêt pour la période 2010-2020. Dans les années 90, ce chiffre grimpait à 7,8 millions d'hectares
  • Au total, avec 31%, la superficie des forêts dans le monde représente presque un tiers de la superficie totale des terres
  • Les forêts abritent plus de 80% des espèces animales et végétales
  • Sur les 8 300 races animales connues dans le monde, 8% ont disparu et 22% sont menacées d’extinction
  • un quart des espèces sur Terre sont menacées par une extinction imminente
  • 1,6 milliard de personnes dépendent des forêts
  • 74 % des personnes vivant en situation de pauvreté sont touchés directement par la dégradation des terres

15.1 D’ici à 2020, garantir la préservation, la restauration et l’exploitation durable des écosystèmes terrestres et des écosystèmes d’eau douce et des services connexes, en particulier les forêts, les zones humides, les montagnes et les zones arides, conformément aux obligations découlant des accords internationaux

15.2 D’ici à 2020, promouvoir la gestion durable de tous les types de forêt, mettre un terme à la déforestation, restaurer les forêts dégradées et accroître considérablement le boisement et le reboisement au niveau mondial

15.3 D’ici à 2030, lutter contre la désertification, restaurer les terres et sols dégradés, notamment les terres touchées par la désertification, la sécheresse et les inondations, et s’efforcer de parvenir à un monde neutre en matière de dégradation des terres.

15.4 D’ici à 2030, assurer la préservation des écosystèmes montagneux, notamment de leur biodiversité, afin de mieux tirer parti de leurs bienfaits essentiels pour le développement durable

15.5 Prendre d’urgence des mesures énergiques pour réduire la dégradation du milieu naturel, mettre un terme à l’appauvrissement de la biodiversité et, d’ici à 2020, protéger les espèces menacées et prévenir leur extinction

15.6 Favoriser le partage juste et équitable des bénéfices découlant de l’utilisation des ressources génétiques et promouvoir un accès approprié à celles-ci, ainsi que cela a été décidé à l’échelle internationale

15.7 Prendre d’urgence des mesures pour mettre un terme au braconnage et au trafic d’espèces végétales et animales protégées et s’attaquer au problème sous l’angle de l’offre et de la demande

15.8 D’ici à 2020, prendre des mesures pour empêcher l’introduction d’espèces exotiques envahissantes, atténuer sensiblement les effets que ces espèces ont sur les écosystèmes terrestres et aquatiques et contrôler ou éradiquer les espèces prioritaires

15.9 D’ici à 2020, intégrer la protection des écosystèmes et de la biodiversité dans la planification nationale, dans les mécanismes de développement, dans les stratégies de réduction de la pauvreté et dans la comptabilité

15.a Mobiliser des ressources financières de toutes provenances et les augmenter nettement pour préserver la biodiversité et les écosystèmes et les exploiter durablement

15.b Mobiliser d’importantes ressources de toutes provenances et à tous les niveaux pour financer la gestion durable des forêts et inciter les pays en développement à privilégier ce type de gestion, notamment aux fins de la préservation des forêts et du reboisement

15.c Apporter, à l’échelon mondial, un soutien accru à l’action menée pour lutter contre le braconnage et le trafic d’espèces protégées, notamment en donnant aux populations locales d’autres moyens d’assurer durablement leur subsistance

EN WALLONIE

Avec une superficie d’environ un tiers de son territoire, les forêts constituent une composante majeure des paysages de Wallonie. Elles fournissent divers services environnementaux, en matière notamment de biodiversité et de qualité de l’eau ou de l’air, et représentent une ressource socioéconomique de première importance. La superficie des forêts wallonnes a progressé depuis un siècle et est stable sur les dernières décennies, bien que les peuplements productifs ont tendance à légèrement diminuer. En ce qui concerne l’état des forêts wallonnes, notons que 60 % des peuplements sont mono- ou bispécifiques, ce qui réduit leur stabilité, leur résistance aux stress et aux ravageurs, leur rôle dans la protection des sols ainsi que leur capacité d’accueil vis-à-vis de la flore et de la faune.

En 2017, 298 000 hectares de forêts étaient certifiées PEFC (Programme de Reconnaissance des Certifications Forestières), soit 53,9 % de la superficie forestière totale. Ce label de gestion durable constitue un outil volontaire d’amélioration continue. Il est pratiquement généralisé en forêt publique, mais il a plus de mal à s’imposer dans les forêts privées (un peu moins de 10 % de celles-ci étaient certifiées).

picto ODD15La santé des sols agricoles, appréhendée par la teneur en carbone organique, est une condition de la fertilité des sols. Les matières organiques permettent également de lutter contre l’érosion, de retenir et dégrader certains polluants, de faire circuler l’eau et de stocker du carbone. En Wallonie, environ 22 % des sols sous culture étaient sujets à des risques de dégradation en raison de leur pauvreté en carbone organique.

Par ailleurs, la Wallonie est pleinement concernée par l’appauvrissement de la biodiversité. Pour la période 2007- 2012, l’état de conservation des habitats d’intérêt communautaire était considéré comme défavorable pour minimum 88 % du nombre d’habitats concernés en Wallonie. L’état de conservation des espèces d’intérêt communautaire était quant à lui considéré comme défavorable pour plus de 60 % du nombre d’espèces concernées. Plusieurs habitats et espèces ont bénéficié et bénéficient encore de travaux de restauration et l’état de certains habitats est en amélioration.

Pour enrayer le déclin de la biodiversité et augmenter le potentiel d’accueil de la vie sauvage, la Wallonie a défini au sein de son territoire des sites naturels protégés, où les activités humaines sont interdites ou limitées à la gestion des écosystèmes, et des sites Natura 2000 abritant des espèces et biotopes considérés comme importants à l’échelle européenne. Le réseau de sites naturels protégés, composé notamment de réserves naturelles et forestières, était peu étendu en Wallonie, comptabilisant en 2016 14 296 hectares, soit 1,18 % du territoire. Le réseau Natura 2000 était quant à lui beaucoup plus large : il concernait 240 sites (situés majoritairement en forêt, prairies et zones humides et aquatiques) qui couvrent un peu plus de 221 000 hectares, soit 13 % du territoire régional, ce qui est important dans une région densément peuplée comme la Wallonie.

Enfin, l’extension des espèces exotiques envahissantes fait partie des facteurs de dégradation des habitats et espèces. Ce phénomène est croissant en Wallonie.